Aspects méthodologiques

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Comment aborder l’interaction entre le sexe/genre et d’autres formes de rapports sociaux (approche intersectionnelle)?

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Deux défis peuvent se poser :

a) Si la recherche a comme porte d’entrée des iniquités basées sur le sexe-genre, comment tenir compte d’autres formes d’inégalité / discrimination? (ex. âge, racialisation, statut socio-économique, etc.)

b) Si la recherche a comme porte d’entrée d’autres facteurs identitaires engendrant des inégalités ou de la discrimination (ex.: études en communauté autochtone, études sur les personnes salariées en situation de handicap), comment donner une légitimité à intégrer le sexe/genre ?

Dans un des projets de GESTE, des participants ont justifié la non-prise en compte du sexe/genre parce qu’il leur paraissait que les enjeux de culture et d’âge étaient plus déterminants dans leur analyse : « Je n’ai pas considéré le genre car dans cette entreprise les enjeux étaient plus au niveau de la diversité culturelle ».

Pourtant, la prise en compte du sexe/genre ne devrait pas être en compétition avec l’analyse d’autres formes d’injustice ou de discrimination.

Attention, l’analyse des multiples identités exprimées (sexe, genre, racialisation, handicap, âge) peut occulter les inégalités sociales qui en découlent (sexisme, racisme, homophobie…). Il est possible d’analyser le sexe/genre simultanément avec l’analyse d’autres facteurs identitaires (culture, langue, racisation, orientation sexuelle, handicap…) en tant qu’identités entrelacées coexistant au sein d’un même groupe ou personne, et qui ont le potentiel de moduler l’expérience.

Pour véritablement agir sur les iniquités de sexe/genre, il est important de prendre en considération les intersections avec d’autres facteurs susceptibles d’être à la base de la discrimination tels que la racialisation, l’ethnicité, la classe sociale, l’âge, le handicap, etc.

L’important est de centrer l’analyse sur l’équité et de chercher à comprendre comment les normes sociales de genre, en combinaison avec d’autres facteurs, peuvent expliquer des différences de traitement, de pouvoir, d’accès aux ressources et de prise de décision.

Pour aller plus loin

Les rapports sociaux, dont de sexe/genre, sont complexes et il faut éviter de les (sur)simplifier. L’inclusion de multiples points de vue et un devis de recherche qui permet d’aborder plusieurs questions à la fois aident à centrer la complexité dans la démarche. Il faut prévoir les outils, les ressources et la posture nécessaires.

Par exemple :
Impliquer les personnes avec des identités multiples (ex. : personnes racialisées, personnes des communautés 2SLGBTQ+) tôt dans le processus pour les engager et créer des ponts avec elles dès le démarrage

Rapporter / expliquer comment les idées centrales de l’intersectionnalité seront intégrées au projet de manière à mettre de l’avant la réflexivité, la transparence, la rigueur analytique et l’apprentissage.

  • Si les chercheurs, chercheuses optent pour un projet sans prise en compte de l’intersectionnalité, il peut être envisagé d’inclure des annexes ou référer à des études connexes qui peuvent ajouter des dimensions intersectionnelles complémentaires.
  • Il est parfois nécessaire de réaliser plusieurs études interreliées qui, ensemble, auront le potentiel de générer une analyse intersectionnelle.

Comprendre les synergies et solidarités existantes entre des groupes portant des luttes sociales liées à différentes formes d’inégalités peut aider à mobiliser les résultats par le biais d’actions concertées, soutenir l’organisation collective de résistance aux oppressions multiples ou, à un niveau de militance moins directe, situer les expériences et les contextualiser dans cette diversité.

Pour aller plus loin