Mobilisation des connaissances

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Comment concevoir l’étape de mobilisation des connaissances ?

La mobilisation des connaissances concertée, c’est-à-dire qui implique l’ensemble des parties prenantes, peut produire des impacts tangibles et assurer une meilleure adéquation pour les communautés et milieux en plus de favoriser les objectifs de justice sociale et d’équité en santé. (Voir section Construction et maintien du partenariat)

Pour cela il est utile de :

  • affirmer l’importance de la co-création des connaissances par les différentes parties prenantes tout au long du processus de mobilisation.
  • discuter les résultats de la recherche avec l’équipe de recherche académique et les partenaires
  • élaborer conjointement des plans d’action découlant de ces résultats pour favoriser le changement, notamment des actions de plaidoyer (advocacy)
  • développer des stratégies de mobilisation de la communauté incluant le recrutement et la formation de membres influents de la communauté en question, par exemple les femmes racisées

 

L’évaluation participative des impacts de la diffusion peut donner des pistes d’amélioration continue des processus de mobilisation des connaissances.

 

Pour aller plus loin

Si ce n’est pas possible d’avoir tous les partenaires ou une représentation complète des personnes participantes sur l’équipe de mobilisation des connaissances, certaines personnes pourront être impliquées à des moments clés.

Cela peut, par exemple, impliquer que les membres académiques et partenaires des milieux prennent la parole ensemble pour partager les résultats selon le contexte.
Il peut être intéressant d’utiliser le fait que les membres académiques se trouvent plutôt dans des pays (ou quartiers) riches et les communautés dans des lieux plus défavorisés. Cela peut être mis à profit pour des stratégies de mobilisation et d’action allant d’une échelle locale vers le global. Il s’agit de soutenir et d’amplifier l’action locale des leaders et institutions pour avoir une influence malgré les obstacles ou résistances.

Pour aller plus loin

L’ouverture des parties prenantes du projet au regard des considérations sexe/genre déterminera la suite des stratégies à adopter et la portée des actions de mobilisation des connaissances souhaitées et possibles. Cela permet notamment :
  • d’assurer l’allocation de ressources suffisantes pour assurer les retombées attendues du projet
  • de favoriser le lien de confiance nécessaire à une relation d’échange pérenne, notamment lorsque les questions liées au sexe/genre sont sensibles.
Le dialogue sur les questions de genre peut s’ouvrir de manière informelle d’abord avant de s’entendre sur des formes plus finales ou de prendre des décisions déterminantes pour l’orientation du projet. Il faut être en cohérence avec notre approche et nos valeurs en lien avec la prise en compte du genre, mais aussi faire preuve de stratégie en fonction des partenaires et, plus largement, de l’audience qui pourra être touchée par la mobilisation des connaissances. Pour ce faire, il faut :
  • Être en accord avec ses propres valeurs
  • Faire preuve d’écoute
  • S’adapter à l’audience, au contexte
  • Présenter les résultats s/g de façon progressive selon la capacité du milieu à les recevoir/intégrer
Selon le contexte, il peut être utile de concevoir avec les partenaires dès le début du projet comment les résultats de la recherche vont contribuer au changement et à quel niveau, que ce soit au niveau des politiques, programmes, pratiques, attitudes ou croyances. La mobilisation des connaissances se fait tout au long du projet, et ce, dès son début. Par exemple, la collecte des données et les entretiens peuvent être une opportunité pour faire connaître le projet auprès des partenaires et de la population ciblée. Pour aller plus loin

Tant les partenaires, personnes participantes, communautés, et membres de la communauté scientifique ont à apprendre sur la mobilisation des connaissances dans un processus d’échange sur les univers réciproques. Il est important de renforcer les capacités de mobilisation des connaissances de l’ensemble des parties prenantes du projet.

Comment faire? Des actions concrètes peuvent être :

  • Créer des espaces sécuritaires, des réseaux pour échanger sur les enjeux de la recherche en lien avec le sexe/genre, et favoriser l’expression de la voix des femmes et des personnes discriminées
  • Mettre en valeur et se baser sur les connaissances et l’expertise des partenaires sur le sujet, notamment à partir des histoires et vécus, tout en identifiant explicitement la nature subjective de ces éléments de connaissance
  • Offrir de la formation et de l’apprentissage pour développer une capacité organisationnelle à créer du contenu
  • Favoriser l’identification et mettre en avant les succès, les aspirations, les valeurs, les forces et les rêves de la communauté comme vecteur d’une identité sociale et comme point de départ de l’action et du changement

 

Cela requiert des ressources suffisantes en temps, en créativité, et en ressources financières à considérer dès l’étape de financement du projet (voir section Construction et maintien du partenariat; voir section Méthodologie)


Pour aller plus loin :

Des choix peuvent être faits au niveau du format

Il s’agit de choisir des modes de communication en phase avec la complexité des sujets et la capacité collective de se les approprier.

Par exemple, on peut miser sur la transmission orale en fonction du niveau de littéracie et des caractéristiques cognitives des partenaires

Ou encore, on peut innover dans la manière de présenter les informations et anticiper leur circulation, notamment en ayant recours à l’analyse des réseaux de circulation d’information par exemple pour identifier qui diffuse l’information et pourquoi, qui la reçoit, à quel moment, en relation avec qui.

Des choix peuvent être faits au niveau des dispositions des personnes ciblées

Il importe de comprendre les conditions, les stratégies, les ressources qui permettent le développement du pouvoir d’agir, de la prise de parole et de la gestion féministe. Ces informations sont parfois plus importantes que les résultats mêmes du projet de recherche. 

Ce développement du pouvoir d’agir chez les personnes qui souffrent des inégalités et de la discrimination peut passer par une prise de conscience, la construction d’une confiance en soi, l’élargissement de la palette des choix possibles, l’augmentation de l’accès aux ressources et du contrôle sur ces ressources, et la possibilité d’action sur les sources et causes des discriminations.

 


Pour aller plus loin

La diffusion peut prendre différents canaux (locaux et grand public) pour rejoindre différents groupes – l’important est de s’adapter aux contextes et particularités des groupes ciblés, d’assurer une visibilité soutenue et, in fine, influencer les décideurs publics sur les résultats liés au genre. De façon générale, la voix des personnes discriminées doit être un mode de diffusion majeur. Le moyen utilisé va dépendre des personnes ciblées. Une diversité de moyens de diffusion possibles existe, à adapter en fonction du public ciblé: revues scientifiques, réseaux sociaux, colloques, table ronde, rencontres, présentations en entreprise, événements publics, etc. Par exemple, si je veux mobiliser les chercheurs, chercheuses, je peux utiliser les colloques scientifiques alors que si je cherche à mobiliser un groupe syndical, je peux utiliser les rencontres en milieu de travail. Si l’on souhaite rejoindre des groupes dans des milieux de travail, la publication d’un article scientifique ne sera pas le moyen de diffusion adéquat.

« J’ai participé en tant qu’agente de liaison au sein d’une organisation impliquée dans une recherche universitaire. Lors de la diffusion, je me suis déplacée pour participer à la présentation des résultats. Lors de la journée, les présentations qui s’adressaient à un public scientifique étaient plus formelles, à caractère scientifique. Alors que le soir, la salle d’une microbrasserie de la région a été louée, afin de présenter les résultats aux participants, participantes dans un cadre plus informel, communautaire, accessible. » (membre de l’Équipe GESTE lors d’une activité de réflexion)


Pour aller plus loin

Des choix peuvent aussi être faits en termes de contenu selon les situations rencontrées. Voici différentes stratégies:

  •  Utiliser des données probantes et des exemples concrets
  • Désindividualiser les messages et éviter de reproduire des inégalités de pouvoir et de genre avec des jugements de valeur inappropriés ou stéréotypés
  • Contextualiser les résultats, en faisant appel à des données à la fois quantitatives et qualitatives

Utiliser un langage différent pour aborder les enjeux entourant la discrimination selon les groupes et contextes (féministes intersectionnelles / activistes, professionnels, scientifiques, milieu mixte ou non mixte, etc.)

Pour aller plus loin

Avoir conscience de sa propre positionnalité comme chercheurs, chercheuses constitue une stratégie-clé pour assurer une mobilisation des connaissances constructive sur des questions liées au genre (voir aussi la section Approche théorique et question de recherche et voir la section Réflexivité).


“Dans certains milieux, tu n’es pas l’expert ou l’experte, mais ce sont plutôt les gens du terrain qui le sont. Ce sont eux qui ont le savoir et les connaissances. Dans un tel cas, ce n’est pas le rôle du chercheur ou de la chercheuse d’imposer une vision ou une idée. On voudrait plutôt être dans un rôle de partage (co-construction). Il est donc important de respecter son rôle prédéfini.”
(Membre de l’équipe GESTE lors d’une activité réflexive)


Cette prise de conscience passe par le développement d’une approche réflexive systémique, c’est-à-dire de réfléchir aux trois niveaux où peuvent se reproduire des rapports de pouvoir pour ne pas reproduire des inégalités en termes d’accès au pouvoir :

1) la prise de conscience de sa propre position par rapport aux autres (déséquilibres de pouvoir);

2) l’examen de l’importance de certaines voix par rapport à d’autres dans un projet et des conséquences qui en découlent pour les acteurs, les partenaires, la communauté, etc., et

3) la réflexion sur le projet de recherche lui-même et la manière dont les décisions sont prises (article Lefrançois et al., 2023 pour références clés, voir section Ressources).

 

Pour aller plus loin