Aspects méthodologiques

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Quels sont les outils pertinents pour prendre en compte le sexe/genre ?

Il existe une panoplie de ressources et de références incontournables pour choisir les méthodes les plus adaptées selon ce que l’on cherche à démontrer ou à mettre en évidence (ex. guider la collecte et l’analyse des données selon le sexe/genre). Il est parfois difficile de s’y retrouver.

Attention aux « pièges »!

Voici quelques exemples de pièges à éviter :

  • Prendre pour acquis qu’une même variable veut dire la même chose pour un homme et une femme (ex.: la contrainte “soulever une charge lourde” au travail représente souvent un objet inanimé pour un homme et une personne humaine pour une femme)
  • Utiliser des outils de mesure qui ont été validés uniquement sur un groupe homogène (le plus souvent des hommes)

 

Pour aller plus loin

Pour choisir des méthodes de collecte

L’analyse du sexe/genre doit prendre en considération l’époque, le territoire, la culture.

Mesurer le genre ne permet pas ces considérations liées aux rôles sociaux de genre, aux rapports sociaux influencés par le sexe/genre et à l’institutionnalisation du genre à travers toutes les autres variables mesurées.

S’il faut tout de même recourir à la mesure du genre malgré les réserves mentionnées, il faut assurément intégrer une approche critique vis-à-vis de son utilisation, notamment dans l’interprétation des résultats.

Les instruments dits « de mesure du genre » sont largement utilisés par les groupes de recherche qui souhaitent obtenir des résultats différenciés entre les femmes et les hommes et sont aussi valorisés par les grands organismes qui financent la recherche.

Ces outils posent toutefois certaines difficultés puisqu’ils ne s’ancrent pas dans un contexte, un territoire et une histoire des relations genrées qui évoluent constamment. Ils sont souvent construits à l’aide de stéréotypes sur les femmes et les hommes et risquent aussi de les perpétuer. Ainsi, les échelles et mesures du genre comportent des défis d’utilisation.

La réutilisation dans le temps et dans des contextes différents des outils de mesure du genre pose le danger de perpétuer des préjugés, des biais inconscients et, à terme, de la discrimination si les résultats sont utilisés pour décider d’une intervention valable pour les hommes, les femmes, les personnes trans ou non binaires. Souvent, cette façon de faire est incompatible avec une perspective transformatrice.

Il est suggéré d’interpréter avec prudence les résultats qui sont tirés des recherches qui visent à mesurer le genre à l’aide d’indicateurs.

Pour aller plus loin

L’implication de personnes participantes dès la conception du devis de recherche permet d’anticiper les impacts de la prise en compte du sexe/genre, comme un biais de désirabilité sociale, et d’apporter les adaptations nécessaires au bon déroulement de la recherche. Cela implique de coconstruire ou valider les outils de collecte de données auprès des communautés participantes afin d’éviter des résistances ou des obstacles au sein du groupe d’intérêt.

Par exemple, on peut choisir de prévoir différentes formes de configuration de sous-groupes pour la collecte de données (ex. : hommes jeunes et âgés, femmes jeunes et âgées).

On peut également mettre en place des mécanismes pour permettre la confrontation des points de vue, en s’assurant que les sous-groupes aient eu l’occasion de discuter de manière sécuritaire au préalable (confronter les idées d’un groupe pas des personnes).

On peut aussi laisser de l’espace et du temps pour définir les positionnements fondés sur le sexe/genre et d’autres facteurs sans menaces de domination des autres, puis mettre en commun les visions respectives.

 

Pour aller plus loin

L’embauche de membres des communautés ou groupes impliqués/concernés dans la recherche constitue une autre avenue pour assurer la permanence des points de vue des groupes d’intérêt au sein du projet.

Par exemple, pour l’analyse de corpus d’entretiens qualitatifs, on peut embaucher des codeurs qui comprennent l’expérience à l’étude. En cours d’analyse, l’organisation de discussions sur les biais inconscients et les préjugés ainsi qu’une autoréflexion continue permettent d’assurer d’une interprétation juste des mots des participants du point de vue de leurs propres expériences.

Il peut être intéressant de prévoir s’adjoindre des membres de l’équipe qui seront “chercheur, chercheuse communautaire”, par exemple des membres de la communauté culturelle où se déroule la recherche et qui parlent la langue d’usage des personnes participantes. Les partenaires communautaires peuvent participer à peaufiner les questions d’entrevue dans une langue ou un dialecte local grâce à des jeux de rôles. Les chercheurs, chercheuses communautaires peuvent également participer au recrutement de membres de la collectivité qui réaliseront les entretiens de recherche ou passeront les questionnaires. Il est possible de les former au moyen de jeux de rôles, d’exercices et de compétences pratiques.

Ces approches de mobilisation de connaissances intégrées s’inscrivent dans un cadre de promotion de la santé transformatrice selon le sexe, et mettent de l’avant des approches féministes de promotion de la santé. Le développement communautaire et la capacité communautaire favorisent l’équité et la justice sociale.

Pour aller plus loin