Mobilisation des connaissances

Comment prendre en compte les dynamiques du milieu et les transformations en cours lors de la mobilisation des connaissances ?
Faire preuve de sensibilité aux dynamiques de changement contextuel parallèlement au déroulement du projet
Par exemple, des résultats valides peuvent être délicats à présenter. Ainsi, on peut décider de présenter à l’interne les résultats d’une manière différente que la présentation à un groupe externe, incluant la communauté scientifique, en tout respect des personnes impliquées et concernées par le projet de recherche partenariale.
Cela est particulièrement présent lorsque le projet a des visées transformatrices pour réduire les inégalités. Il est alors important de distinguer les différentes intentions quand on communique des résultats sur le sexe/genre : favoriser la compréhension et l’intégration, former, sensibiliser, convaincre le politique, etc. Il est aussi nécessaire de réfléchir à un horizon de temps sur lequel on peut anticiper des changements qui, selon les contextes, peuvent prendre plus ou moins de temps.
Notamment, les tensions qui peuvent exister entre les différentes parties prenantes doivent être traitées dès le début du projet, comme la contrainte de publication pour les chercheuses.
Dans le milieu scientifique, par exemple lors de congrès, les questions liées au S/G sont parfois plus ou moins centrales.
« […] je vais pas tenter de gommer ou masquer les aspects que je vais présenter […] je prends en considération qu’il peut y avoir certaines tensions, questionnements, incompréhensions, mais ça ne devrait pas être trop confrontant pour les personnes qui s’attendent à se faire parler de ça. Ce qui peut être différent dans d’autres types de congrès […]. »
(Vécu d’expert, experte, résultat d’un projet de GESTE)
Dans un milieu non académique, la restitution de résultats liés au sexe/genre peut aussi générer des réactions:
“Une chercheuse expose une expérience de présentation des résultats lors d’une conférence et comment la réaction des milieux de travail était viscérale concernant la question du s/g, et ce, autant chez les hommes que les femmes. Les hommes se sont sentis ostracisés et les femmes ne se sont pas senties assez fortes et revendicatrices pour porter l’enjeu s/g plus loin dans le débat. Il y a deux approches :
1) En parler tranquillement pour faire avancer la discussion autour de la discrimination et éviter que cela n’engendre plus de répercussion.
2) Confronter directement les personnes, soit il y a un changement soudain (grève, reconstruction d’identité de professionnels) soit, rien ne bouge ou soit les choses empirent.
Toutefois, selon la chercheuse, nous ne devrions jamais abandonner les questions de s/g même lorsque cela crée une tension.”
(Membre de l’équipe GESTE lors d’une activité réflexive)
Pour aller plus loin
Choisir quand et comment partager certaines informations en fonction des dynamiques
Parfois, certains éléments ne devraient pas être mentionnés, ce qui n’est pas forcément synonyme d’un manque de transparence. Ne pas uniquement se fier à son instinct de chercheur, chercheuse, mais s’appuyer sur l’avis des partenaires pour déterminer ensemble le moment le plus approprié pour discuter de ces aspects ou de faire le choix d’attendre. Par exemple, il faut avoir conscience des risques pour les personnes participantes.
En revanche, il peut être stratégique de contester les stéréotypes de manière plus directe pour des changements sur des questions plus « mûres » socialement.
Pour aller plus loin
Penser à la durabilité et à la pérennité des liens partenariaux dans le long terme
Les transformations visant des inégalités de santé liées au genre peuvent prendre du temps et nécessiter des suivis au-delà de la durée normale d’un projet de recherche partenariale, souvent associée au financement.
Cela implique de fournir les outils nécessaires aux partenaires, d‘assurer un engagement représentatif dans la mobilisation des connaissances, et de mesurer les retombées à moyen et long terme des projets.
Il faut donc considérer développer les capacités des partenaires (voir section Construction et maintien du partenariat) et mettre en place des indicateurs de transformations des inégalités simples (collecte et analyse) pour mesurer les retombées des actions implantées.
Ce suivi à long terme des retombées du projet est important pour s’assurer que le projet a des impacts positifs à long terme sur les communautés. Pour cela, il est important de tenir compte de ce que la communauté considère comme un impact « positif ».
Pour aller plus loin
S’assurer que la mobilisation des connaissances adopte une approche systémique
Les transformations sociales visant une plus grande équité ne peuvent se faire en ciblant uniquement les individus, par exemple, des changements de comportements ou d’attitudes.
Il faut s’assurer que la démarche de mobilisation des connaissances adopte une approche systémique et/ou structurelle qui permet d’analyser et d’intervenir à tous les niveaux (allant du micro au plus macro) où se jouent des inégalités.
Pour aller plus loin